Solfège, rythme, notations, modes...

Messagede Sacrenouille » Mar Mar 23, 2010 3:36 pm

Difficile d'analyzer ma "méthode d'écriture" car je ne pense pas en avoir, je ne pense pas non plus avoir un style particulier ou reconnaissable, en général je n'aime pas faire deux fois la même chose (sauf sur commande).

Je dois cependant constater que j'écris de façon totalement différente pour les noctas, car dans un contexte de speed compo les contraintes sont totalement différentes. De même, je ne travaille pas du tout pareil l'écriture s'il s'agit de musique orchestrale ou electronique. Mais je vais me concentrer sur l'orchestral ici et sur les musiques mûrement réfléchies (hors speed-compo, donc hors nocta), là où l'écriture à une place prépondérente sur le mix.

Je constate que je commence en général par le coeur du morceau (ni l'intro, ni la coda). Je commence donc par ce qui marquera l'identité du morceau. Dans cette partie, je commence également par ecrire l'élement le plus complexe. Il peut s'agir d'une harmonie alambiquée ou inusuelle, d'un rythme recherché ou d'une mélodie très travaillée. J'aime commencer par le difficile et finir par le simple. Bien sûr, dans l'idéal, chacun de ces éléments devrait etre ultra léché, mais constate que chez moi c'est jamais le cas. Sur un harmonie riche je vais ecrire une mélodie simple, et pour une mélodie qui prend aux tripes je vais souvent ecrire une harmonie simple. Mon travail sur le rythme est assez faible je dois dire, j'aime bosser l'accentuation à contre temps mais celle-ci ressort rarement et est peu soutenue.

Je peux fonctionner de deux facons différente pour me lancer sur une "copie blanche", mais les deux reviennent au meme : soit je réfléchis à un canevas en me basant sur mes connaissances en théorie de la musique (je choisis mon mode à l'avance en fonction des couleurs à projeter, je construit une grille d'accord en fonction d'où je veux ammener mes voix), et ensuite je l'ecris en pensant à la façon dont cela serait adapté pour un/des instrument donnés (par exemple je sais par exeperience que le registre medium de la clarinette est une horreur a timbrer correctement donc je l'evite). Soit, au contraire, je pense à ce que je veux entendre d'un instrument particulier (par exemple, le coté boisé du registre grave de la flute) et j'écris en conséquence qq chose qui tourne autour, puis je l'analyze (centre tonal, emplacement des tensions/détentes, accors sous-jacents) et je brode l'harmonie autour pour pouvoir plus tard y placer ce que je voulais entendre.

Pour cette partie "squelette" j'ai un faible pour l'usage d'instruments à notes courtes (piano, harpe, celesta, vibraphone, etc) car il ne demande aucune programmation particuliere (on indique une note de début et une accentuation, c'est tout, il n'y a pas de fin de note a specifier, de timbre etc). Un clic = une note. C'est tres tres simple, ce sont des instrument à l'ambitus souvent large, à la polyphonie réaliste et on arrive très facilement à s'imaginer d'autre instrument en doubler les lignes pour ensuite les remplacer completement s'il le faut.

Je laisse toujours mon oreille avoir le dernier mot sur mes connaissances. Si ca sonne mieux en rajoutant un temps à une mesure, soit, je passe en 5/4 à un endroit. Si je découvre que la mélodie me donne enfin de sortir de la tonalité, soit, tant pis pour ce que j'avais écris avant, je change l'harmonie en conséquence. Bien sûr, je garde une copie de la version en cours pour y revenir au besoin.

Je constate qu'en général j'écrie l'harmonie sur 3 voix (accords de 3 sons), et que c'est le plus souvent la mélodie qui va jouer les extensions (7 ou 9eme). C'est pas mal mais il faudrait que je commence a penser l'harmonie de suite en accords de 4/5 sons pour m'aider à trouver les renversements (je passe souvent bcp de temps à refaire avec l'oreille ce que la théorie des voicings/renversement m'aurait dicté plus rapidement).

Mon cauchemar c'est la voix de basse. Je sais jamais quoi en faire. Ces fichus contrebasse. Autant en pizzicato ca passe mais la contrebasse tenue, je sais pas quoi en faire. Les violoncelles ca va, mais les contrebasses... Soit j'en mets trop soit j'en mets pas assez. Le probleme que j'y vois, autre le timbre souvent trop rugueux, c'est que les fréquences que je cherche sont souvent très précise, et lorsque que je passe d'un accord de degré I vers un accord de degré IV ou V par exemple, eh bien soit je reste sur un accord à l'état fondamental et là je me retrouve avec une basse dont la fréquence sors du spectre de ce que je voulais faire ressortir, soit je dois jouer l'accord renversé et là j'ai un accord qui ne dégage plus du tout la stabilité que je recherchais pour la basse. Ce probleme est bien sûr sur les partie lente. Bref, j'ai un gros soucis avec ça.

Une chose que j'adore faire, c'est dès que j'entends un truc qui m'interpele, me plait, dans une musique, je cherche de suite à l'analyzer. Enfin... au début c'etait "de suite", mais depuis un certain temps j'accumule une liste de passages de morceaux à analyzer :) Il peut s'agir d'un cadence particuliere, de deux notes, d'un intervalle bien senti, d'un rythme. Un petit exemple en rapport avec les noctas, je crois qu'il y a un morceau de Franck, peut etre un de ses morceaux pour la nocta sur la Cité Aquatique, je sais plus lequel, ou il y a des choeurs et à un moment ces choeurs on un petit trait mélodique descendant qui fait ressortir un enchainement qui me rappelle bcp une musique de Kingdom of Heaven. Cela m'a tellement interpellé que je me suis dit qu'il faudrait que je relève la chose et l'analyze pour en tirer de la graine (en gros dès qu'un truc me plait je cherche à le reproduire, l'analyzer, et l'assimiler). Bah ce truc ca date de l'été dernier quasiment et j'ai toujours pas fait ce petit exercice. Alors je vous laisse imaginer la longue liste de trucs que j'ai à faire là dessus :) Mais par exemple aussi je regardais une bande annonce de Dragons 3D la semaine derniere, et y'a deux notes qui m'ont plus, faut que j'analyse le contexte harmonique et que je me l'approprie, en qq sorte.

Voilà, désolé c'est tres fouilli, j'arriverai peut etre à mieux organiser et détailler mon approche de l'écriture, il fallait que je fasse un premier jet sinon j'allais jamais rien réussir rédiger :)
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Messagede Lzn02 » Mar Mar 23, 2010 9:53 pm

Analyse en français, Analyze en ricain.
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Messagede Sacrenouille » Mar Mar 23, 2010 10:08 pm

anal-lyse comme pyzo-lyse ? ...
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Messagede Sacrenouille » Mer Mar 24, 2010 2:47 pm

Je vais en profiter pour répondre aux questions de Franck sur l'autre topic (que je place ici puisque ici c'est pour l'écriture en particulier) :

Franck a écrit:Tu dis que tu places les notes. Tu travailles à l'inspiration et à l'oreille pure ? tu as une démarche, un "process" logique ?. Tu commences généralement par une mélodie ? par une harmonie ? Comme tu ajoutes les couches d'instruments ? quelle est la track leader, la première ? Quels prérequis harmonie, rythmes... tu utilises...


> Tu travailles à l'inspiration et à l'oreille pure ?

Inspiration, oreille et connaissance. L'oreille en premier, l'inspiration en second, et la connaissance qu'un l'un ou l'autre me fait défaut.

> tu as une démarche, un "process" logique ?

Au sein même de l'écriture, non, ou alors il est logique le temps d'un morceau et devient caduque au morceau suivant.

> Tu commences généralement par une mélodie ? par une harmonie ?

Généralement par l'harmonie, mais je reviens toujours en arriere, modifie, corrige, ajoute, enleve, etc, au final la composition qui en resulte ne ressemble que tres peu aux premieres notes qui ont été ecrites. Par exemple en ce moment je planche depuis 3 semaines sur l'écriture d'une musique cérémoniale pour un marriage à l'église. Je passe parfois deux heures à écrire une harmonie à 4 voix pour le lendemain tout supprimer, refaire partiellement, re-effacer, re-refaire (differemment bien sûr), et au final me rendre compte que 2 voix suffisaient.


> Comment tu ajoutes les couches d'instruments ?

Par couche tu entends voix supplémentaires ? Parfois je concois les voix séparemment, en suite je les mets ensemble et retouche au besoin, parfois je les concois toutes en meme temps (j'ecris une note de chaque voix puis je passe à la note suivante pour chaque voix etc), parfois je concois une voix entiere puis concois la deuxieme par dessus la premiere ecoutant constamment ce que l'ensemble est en train de donner, etc.

> quelle est la track leader, la première ?

En général plutot une piste qui contient une reduction de l'harmonie morceau, donc plutot une piste piano ou harpe (cf plus haut).

> Quels prérequis harmonie, rythmes... tu utilises...

Là je comprends pas trop ta question. Je fige la metrique et le rythme assez tôt mais paradoxalement j'ecris les lignes de percussion presque en dernier.
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Messagede Franck » Mer Mar 24, 2010 4:33 pm

Merci pour tes posts sacrenouille et d'avoir pris le temps d'expliciter la méthodologie. J'espère le faire moi aussi bientôt !
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Messagede Lzn02 » Mer Mar 24, 2010 11:58 pm

Sacrenouille a écrit:anal-lyse comme pyzo-lyse ? ...

(c'était pour dire que j'avais tout lu en entier comme un grand :D )


> Tu travailles à l'inspiration et à l'oreille pure ?

Inspiration, oreille et connaissance. L'oreille en premier, l'inspiration en second, et la connaissance qu'un l'un ou l'autre me fait défaut.


Par connaissance, tu as une approche mathématique de la musique en dernier recours, ou par connaissance tu entendais faire appel à tes influences diverses / "piquer" (dans le bon sens du terme) des idées là où tu peux ?
Genre "tiens je dois faire de la musique d'emo.... allez, hop, 0 -2 -4 avec une pouf qui chante, tkt. Ha merde c'est dans titanic ça :( "


(sinon, j'aimerai poster mon procédé d'écriture, mais il ne conviendrait pas aux idées générales de ce forum)
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Messagede Sacrenouille » Jeu Mar 25, 2010 12:40 am

Par connaissance, tu as une approche mathématique de la musique en dernier recours, ou par connaissance tu entendais faire appel à tes influences diverses / "piquer" (dans le bon sens du terme) des idées là où tu peux ?
Genre "tiens je dois faire de la musique d'emo.... allez, hop, 0 -2 -4 avec une pouf qui chante, tkt. Ha merde c'est dans titanic ça :( "


Par connaissance j'entends mes quelques acquis en matiere de théorie de la musique. Par exemple, mon oreille entend rarement plusieurs chose en meme temps (exemple tout bete, dans ma tete j'entends une mélodie de flute et une mélodie de violoncelle qui s'entremellent, mais en fait comme je n'entends qu'une chose à la fois, je saisis ce que font les violoncelles quand la flute se tait et vice versa, mais que font les violoncelles quand la flute continue de chanter ? Là, je m'en remets à mes connaissances et j'essaie de combler les trous honorablement avec ce que je sais de l'harmonie).

Pour ce qui est de "faire appel a mes influences diverses", je place ça dans la partie "'inspiration". Tout ce que j'ai entendu et aimé par le passé m'influence forcemment, concsciemment ou inconsciemment.

-- 24 Mar 2010 23:47 --

Sacrenouille a écrit:anal-lyse comme pyzo-lyse ? ...


En fait c'était une vieille tentative de blagues à deux sous... où j'essayais de démontrer éthymologiquement que si pyrolyse veut bien dire "rupture par le feu", analyse pourrait alors signifier "rupture de l'anus"...
/ciao
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Messagede otsoa » Jeu Mar 25, 2010 10:34 am

Je reprend le même shéma pour répondre :D.
> Tu travailles à l'inspiration et à l'oreille pure ?

Pour moi c'est un peu pareil !? Enfin souvent le son m'inspire, mais le plus souvent, je chante une mélodie et l'oreille me guide pour le reste, l'harmonie, etc...

> tu as une démarche, un "process" logique ?

non, mais je devrais. D'ailleurs depuis que je fait les noctas, je structure plus mon travail et j'essais d'avoir un plan de ce que je veux faire découvrire à l'auditeur, mais j'ai encore tendance à partir dans tout les sens.

> Tu commences généralement par une mélodie ? par une harmonie ?

Clairement une mélodie, déformation de mon background de chanteur, et puis aussi par ce que c'est la mélodie que j'aime le plus. Donc souvant, je chante avant de rentrer mes notes, pareil si j'essais de faire un contrechant. En plus je me rend compte que c'est en corrélation avec mes cours d'harmonie ou il est dit que les mélodie doivent toujours être facile à chanter.

> Comment tu ajoutes les couches d'instruments ?

J'ai tendance à sur-empiler les voix, alors je part de gros et j'enléve au fur et à mesure, surtout pour les synthés dont les fréquences on tendance à se manger entres elles.

> quelle est la track leader, la première ?

La mélodie, mais le premier truc que je fait c'est me concentrer sur l'intro et l'ambiance.

> Quels prérequis harmonie, rythmes... tu utilises...

Par manque d'écoute/analyse de ce que font les autres, je n'ai pas de truc pour l'instant, je me laisse guider par la musique et par mes oreilles, c'est encore tres instinctif, mais je compte bien assimiler ce que j'apprend pour gagner en facilité.

Ce que je peux rajouter, c'est que j'aime me concentrer sur le son (hors orchestre) et souvent, c'est le son qui m'inspire ou j'essais de créer un son qui fasse ressentir l'ambiance que je veux.

C'est souvant une image qui me donnent le ton, et j'essais de representer cette images en musique.
Je pense que que je suis un narateur, enfin c'est ce que j'essais de faire car c'est ce qui me plais en musique. Attribuer un timbre à un personnage et faire se dérouler une histoire genre "pierre et le loup" :D aussi une deformation de ma premiere passion le "dessin/imagerie".
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Messagede François » Ven Mar 26, 2010 1:43 am

Je reprend le même shéma pour répondre :D.

> Tu travailles à l'inspiration et à l'oreille pure ?
Oreille, et alcool .... pur ...

> tu as une démarche, un "process" logique ?
Ben je commence toujours en me disant, "bon cette fois je suis sérieux", ça dure 1H puis je me dis "tiens si je rajoutais des voix avec youtube ?" ... et là ça part en vrille !

> Tu commences généralement par une mélodie ? par une harmonie ?
Une mélodie à la basse souvent.

> Comment tu ajoutes les couches d'instruments ?
En tassant bien et en essayant que ça passe, ce qui n'est pas souvent le cas. J'ai découvert par les noctas que j'avais parfois des bonnes capacités pour faire du contrepoint, en tout cas c'est ce qu'on m'a dit ... mais je saurais pas dire exactement pourquoi ... peut être que ca vient de ma formation "musiques traditionnelles" ...

> quelle est la track leader, la première ?
Un lead bien hurlant ?

> Quels prérequis harmonie, rythmes... tu utilises...
J'essaie de me dire : Putain comment je suis trop nul pour comprendre l'harmonie, un jour faudra que j'apprenne,n mais aujourd'hui encore je vais essayer de dissimuler le truc en faisant nawak et en faisant croire que ça sonne bien !


Voilà, j'essaierai de développer plus, plus tard, quand y'aura plus de conseils de classe !
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Messagede Franck » Ven Mar 26, 2010 10:48 pm

Perso, j'essaie de composer essentiellement par process et rarement par inspiration. La raison est simple, je pense que c'est une façon assez sure de progresser et de comprendre la musique. C'est un choix délibéré parce que je compose très peu en définitive à cause du manque de temps mais je veux néanmoins progresser et je n'ai pas trouvé meilleur moyen. J'ai plus de plaisir à progresser en composition que dans la composition elle même. J'aime beaucoup comprendre surtout le squelette, la structure interne de la composition.

Quand je parle de process, je parle de ce qui peut être automatisé dans l'écriture.
Cependant, je peux personnaliser un process en fonction des besoins et je fais aussi en sorte qu'il ne soit pas trop réducteur, c'est à dire qu'il ne limite pas trop mes choix me permettant d'orienter ma compo en fonction des besoins.

L'inconvénient de cette façon de faire c'est que je suis un piètre imitateur puisqu'il faut que je comprenne en profondeur, que je reformule en process pour imiter un style. L'avantage c'est que je peux enchaîner et composer très vite plusieurs compos même sans trop d'inspiration. L'avantage de la technique et qu'en combinant plusieurs process on peut arriver à des résultats originaux, musicaux sans se fatiguer.

Les compos comme humliated heart, freedom in sight, antidrug unit ont pu être composées quasiment d'un seul trait avec très peu de tatonnement et de retouches que ce soit au niveau rythmique, mélodique et harmonique. Je tatonne très peu en composant. Quand quelque chose ne sonne pas, je cherche jusqu'à ce que je trouve pourquoi puis j'intègre cet aspect dans le process pour éviter le même inconvénient dans l'avenir. Je perds peut être certains choix musicaux mais j'évite les erreurs d'écriture et je gagne en qualité générale.

Parfois les choix de process s'avèrent ratés à cause d'une mauvaise analyse d'un morceau. Je déduis un process toujours de l'observation des compos réussies. Après je mets à l'épreuve ce process en l'expérimentant pour voir si je peux m'appuyer dessus.

Ce qui me prend souvent le plus de temps c'est l'orchestration et l'arrangement. J'ai pas mal de lacunes donc je tatonne pas mal. L'oreille fatiguant au fur et à mesure des écoutes, parfois le lendemain à l'écoute je me rends compte des imperfections.

Le mix devient plus facile pour moi maintenant. J'ai quelques process que je vous transmettrais qui permettent d'avoir facilement un mix stable, équilibré et net. Je peux arriver maintenant à un résultat relativement satisfaisant très rapidement.

Voilà c'est une approche qui ne m'est pas propre. Des compositeurs vraiment excellent comme Kentaro Sato disent opérer de la même manière pour l'écriture. Comme lui, je ne crois pas au génie musical. Je pense que les meilleurs compositeurs ont tout simplement acquis des automatismes efficaces qu'ils complètent et intègrent régulièrement en analysant les oeuvres majeures mais ils le font vite, bien et 12 heures par jour. Une composition est comme une construction architecturale avec ses fondations, sa structure, ses éléments d'ornementation...
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Messagede Sacrenouille » Mar Mar 30, 2010 10:33 am

Merci beaucoup Franck !

Aurais tu un exemple concret de chose que tu as constaté par l'erreur/l'essai et ajouté à ton process, en terme d'écriture ? Car là je dois avouer que tu donnes l'impression d'être un logiciel systeme-expert en composition, une sorte de machine IA qui accumule le savoir comme si c'etait de simple barrettes de RAM et que tout s'imbrique de façon logique sans contraintes :) Serais-tu le Maitre Controle Principal du film TRON ? ;-p
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Messagede otsoa » Mar Mar 30, 2010 11:47 am

Sacrenouille a écrit:Merci beaucoup Franck !

Aurais tu un exemple concret de chose que tu as constaté par l'erreur/l'essai et ajouté à ton process, en terme d'écriture ? Car là je dois avouer que tu donnes l'impression d'être un logiciel systeme-expert en composition, une sorte de machine IA qui accumule le savoir comme si c'etait de simple barrettes de RAM et que tout s'imbrique de façon logique sans contraintes :) Serais-tu le Maitre Controle Principal du film TRON ? ;-p

XD je me suis fait la même rélfection "c'est un bot !".
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Messagede Franck » Mar Mar 30, 2010 1:32 pm

Je ne suis pas la matrice XD !

Mais soyons franc, il faut reconnaitre que l'inspiration ça va, ça vient et elle ne fait pas tout même si elle est très importante. Si tu as l'occasion de creuser un peu comment une fugue de BACH est montée par ex, c'est extraordinaire la manière dont le processus est technique avec le sujet, le contre-sujet, les imitations, les strettos, les divertissements. Je pense que Luckymog a déjà touché un peu à la manière dont une fugue est faite et confirmera que l'ensemble est très technique.

Les plus grands compositeurs ne sont pas des illuminés, garant d'un génie divin, d'une inspiration extraordinaire. Il est vrai qu'un fort sentiment quel qu'il soit, de tristesse, de joie et d'amour est capable de structurer et de donner une unité d'ensemble à une composition. Elle fait appel à des choix inconscients et donne une direction. Certains compositeurs, que je qualifie de médiocres, trouvent leur inspiration dans les substances illicites parce qu'il n'arrivent pas à exprimer autrement qu'en se mettant dans un état affectif critique. Guidés par un fort sentiment soit d'euphorie soit d'abattement, leur esprit structure inconsciemment cet état affectif, les guide malgré eux et inconsciemment vers des choix musicaux. Cette situation les fait briller un moment mais les détruit sur le long terme.

Mais j'ai remarqué que la carence le plus souvent chez les jeunes compositeurs n'est pas l'inspiration mais la technique qui fait défaut. En effet, les compositeurs comme HGW, Hans Zimmer sont capables de clôturer des BO majeures de film en moins de 3 semaines peu importe leur état affectif. Mozart a écrit également des oeuvres majeures comme l'opéra Don giovanni très rapidement. Certaines de ses compositions les plus joyeuses ont été composées alors qu'il était agonisant ou des moments très sombres de sa vie. Cela signifie que les choix effectués ne réflétaient pas nécessairement l'état affectif du moment.

Maintenant réfléchissons simplement quelques instants. Imaginons nous devant notre track sous cubase ou protools.
Qu'est ce qui fait que ma composition va être meilleure que la précédente ? il est vrai qu'on peut partir à l'aventure, sans prérequis. Mais quand j'écoute des oeuvres majeures, je réalise bien qu'une composition a bien une unité d'ensemble. Les thèmes sont rappelés à divers moment, ils sont conjugués dans des variations harmoniques variées, ils sont structurés dans un ensemble de pré-requis. la fin d'une composition amène bien un sentiment conclusif, satisfaisant pour l'oreille. Le début de la composition éveille bien l'intérêt. Tout est à sa place et l'écoute amène bien un sentiment de satisfaction, de progression logique. Je ne peux pas croire que tout ces procédès sont mis en place juste avec l'instinct des compositeurs.

Imaginons que nous voulions composer une fugue. Et bien pour arriver à cet exercice de style, nous sommes obligés de nous tenir plus ou moins à un canevas. La preuve que historiquement est que chaque style qu'il soit baroque, classique, romantique, contemporain obéit à un modèle qui définit un choix musical. Prenons le cas, de l'écriture tonale classique. Et bien elle est dominée par cette cadence IV V I. Plus ou moins, à cette époque, tous les compositeurs ont avec plus ou moins de subtilité touché à ce modèle de progression.

L'idée serait de découvrir ce qui définit chaque compositeur. N'est ce pas nos choix conscients ou inconscients qui ont définit la composition ? Personnellement, je souhaite que mes choix soient conscients pour que je puisse comprendre pourquoi ça sonne.
Une composition réussie peut être un coup de chance mais je pense qu'on gagne en qualité si on travaille avec méthode plutôt que par tâtonnement.

Je me dis mais je me trompe peut être, c'est que plus on automatise une partie, moins on s'en soucie donc plus on peut concentrer notre attention sur la touche supplémentaire qui fera la différence. L'idéal sera d'arriver à basculer toute la technique dans les automatismes pour laisser l'inspiration s'exprimer dans frein, sans être gêné par la technique. Le problème c'est qu'il y a tellement de choses à penser quand on compose, tellement de paramètres à intégrer. Heureusement, le cerveau est bien fait, et à chaque fois le geste musical est plus précis.

Ceci dit je ne néglige pas l'importance de l'inspiration, d'avoir quelque chose à dire musicalement parlant, et de l'instinct et de l'intuition qui nous amène à chaque fois un peu plus loin.
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Messagede Franck » Mar Mar 30, 2010 2:05 pm

Sacrenouille a écrit:Merci beaucoup Franck !

Aurais tu un exemple concret de chose que tu as constaté par l'erreur/l'essai et ajouté à ton process, en terme d'écriture ? Car là je dois avouer que tu donnes l'impression d'être un logiciel systeme-expert en composition, une sorte de machine IA qui accumule le savoir comme si c'etait de simple barrettes de RAM et que tout s'imbrique de façon logique sans contraintes :) Serais-tu le Maitre Controle Principal du film TRON ? ;-p


Héhé, créer un logiciel de composition est le rêve de tout compositeur. Certains prétendent y être arrivé mais j'ai pas vérifié leur résultat. je crois que Michel baron avait parlé d'un logiciel de contrepoint mais si ce dernier augmentait la quantité de choix intéressants, il n'excluait pas tous les mauvais. Donc l'oreille est toujours indispensable pour contrôler le résultat.

Pour l'exemple concret d'erreurs de process, j'en ai plein, surtout dans les progressions harmoniques. Parfois, on croit que la compo à analyser sonne bien parce qu'on pense avoir identifié un paramètre mais il arrive que ce n'est pas ce paramètre qui produisait l'effet mais un autre. Malgré mes propos, une partie de la composition fonctionne par tatonnement et on arrive pas à identifier toujours pourquoi ça sonne.

Un exemple de process par exemple sur la mélodie (de toute manière je décrirais tout ça en détail) : tous les intervalles ne produisent pas le même effet. Dans la relation mélodie-basse, il existe des intervalles plus ou moins stables. L'unison et l'octave sont les plus stables. la quinte est un peu moins stable mais toujours stable, donnant une sensation de repos. La tierce et la sixte sont fluides. La quarte est relativement instable. La seconde est instable. Tous les intervalles diminués sont très instables. Le triton est extrêmement instable.

Conséquence de ce qui vient d'être dit, on peut déduire un process :
1. pour donner mélodiquement un effet conclusif, il convient à la fin de la composition de terminer sur un unison ou une octave, dans la relation mélodie-basse. Idem, le début de la composition a tendance a démarrer dans la stabilité et au repos donc sur un unison ou une octave.
2. Plus une tension est importante, plus elle doit être préparée. Le process implique que la note qui définit le triton par ex doit apparaître dans l'accord qui précède le triton et tenue dans l'accord du triton. Elle peut ensuite se résoudre. Lorsqu'on met en place ce process, l'oreille est satisfaite, l'ensemble est logique, amené et fluide.
3. Etant considéré que les quintes sont un intervalle stable, peu propice au mouvement ils ne s'enchainent pas facilement les uns aux autres à la différence des tierces ou des sixtes très fluides. Par conséquent, les quintes parallèles doivent faire l'objet d'un traitement particulier, car elles sont sonneront mal, avec un effort "lourd" et pataud à l'oreille. En revanche, l'intervalle de quinte est très utile lors des cadences justement par cette sensation de repos. Cela vaut également pour les octaves mais ces dernières sont encore plus stables donc à réserver pour la conclusion et le départ.
4. les tierces et les sixtes s'enchaînent entre elle très facilement, ce qui peut être très utilisé pour les doublures mélodiques.

Voilà, c'est un process basique que j'applique systématiquement quant je travaille sur la mélodie, l'illustration majeure se trouve dans humiliated heart. Il ne limite pas vraiment les choix musicaux mais définit un cadre dans lequel chaque chose est à sa place.

Et là on ne parle que de la relation mélodie harmonie. Il existe des process rythmiques, harmoniques...En les combinant on arrive à un résultat très intéressants.
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Messagede Sacrenouille » Mar Mar 30, 2010 2:09 pm

Ta longue 1ère réponse (celui ou tu parles de la fugue) me laisse penser que tu crois que l'on essaie d'opposer la technique à l'inspiration. Tu te trompes, j'abonde en ton sens concernant l'assimilation de la technique comme outil catalyseur de création, sauf que je trouve que l'exemple de la fugue que l'on ressort à chaque fois c'est pousser le bouchon trop loin dans un sens. Les musiques de "Pirates des Caraibes" ou "Star Wars" par exemple pourraient se schématiser en une basse, une grille d'accord et une mélodie. Pas besoin d'étudier 1001 fugues pour les comprendre. C'est le cas d'une bonne partie de la musique populaire. Une fugue, même si ca reste un formidable exercice formateur, c'est quand même un procédé d'écriture très ancien et qui sonne très ancien. Pas le genre de chose qu'on place où l'on veut à chaque commande.

Pour servir d'exemple je préfère utiliser l'usage des modes par exemple. Les compositeurs de musiques de films ont depuis longtemps en tête la couleur de chacun des modes et vont de suite savoir quel mode utiliser pour ammener tel ou tel couleur dans un morceau. Le Lydien pour Yoda, le Ionien pour Superman, le Phrygien pour Maximus, le Dorien pour Jack Sparrow, etc.
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