Voici la musique :
Hamauzu_-_SF2_-_Rosenkranz_piano.mp3
Et la partition :
Hamauzu_-_SF2_-_Rosenkranz_piano.JPG
La première observation est à propos des 2 premiers accords :
[Fa# Mi La Ré La], une sorte de RéM,
[Sol Ré Fa# La Ré], un SolM7 qui ressemble à ReM
Dans le premier accord, Fa# est le degré III et Mi est le degré II, tandis que La est le V et Ré le I. On a là une sorte d'inversion totale de l'architecture habituelle : les degrés stables (I, V et IV) ne sont plus en bas mais en haut dans les aigues, tandis que III et II sont placés en basse.
L'accord majeure enrichi par le II est très frais, et cette forme atypique avec III en basse lui donne une sorte d'instabilité et de dynamisme.
Dans le deuxième accord, on pourrait presque dire qu'il s'agit d'un accord classique de RéM [Ré Fa# La] avec un Sol en basse, le degré IV de Ré majeur. En réalité avec ce Sol à la basse, l'accord "sonne" plus comme un Sol7M [Sol Si Ré Fa#]. Puisque Sol s'entend comme basse (fondamentale) en degré I, Ré Fa# La devient V VII II. Le degré III manque, et la structure I II V VII, [Sol La Ré Fa#] sonne brillant et mystique comme chez Sakimoto !
La deuxième observation est l'oasis harmonique à 45''
Les accords font* :
. Mi7m , ReM ,
. Sol7m, Do7, Fa7M, Sib7M,
. Mi7m , La7 ...
(*: signalez moi si vous voulez que je donne les formes explicites des accords, entre crochets [ ] )
Il y a en fait une rupture dans l'harmonie au moment où le Sol7m est lancé. On ne revient sur l'harmonie initiale qu'avec le Mi7m qui suit.
Au delà d'accords, on peut carrément parler en terme de modes qui viennent avec chaque accord ! La grille devient :
. Mi dorien , Ré ionien ,
. Sol dorien, Do mixolydien, Fa ionien, Sib lydien,
. Mi dorien, La mixolydien...
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Quand on représente les 7 modes grecs sur les touches blanches du clavier, on voit que les modes de Fa lydien, Do ionien, Sol mixolydien, Ré dorien, La eolien, Mi phrygien, et Si locrien forment un "système" cohérent, car ils utilisent les mêmes notes (touches blanches). Ils ont les même altérations à la clef.
Ici, Mi dorien et Ré ionien ont cette familiarité.
Puis il y a rupture, et Sol dor, Do mixo, Fa ion et Sib lyd forment un nouveau système cohérent.
Puis retour sur le premier système avec Mi dor et La mixo.
Passer d'une mode à l'autre au sein d'un même système (touches blanches par exemple) développe l'harmonie, mais sans innovation.
L'essentiel de la beauté et énergie de ce passage tient dans la rupture entre les deux systèmes :
Passer de celui en Mi dorien vers celui en Sol dorien, voilà la recette Hamauzu qui est superbe à l'aller comme au retour !