Solfège, rythme, notations, modes...

Messagede Sacrenouille » Lun Mar 22, 2010 5:21 pm

Voilà comme dis dans l'autre topic rédactionnel, j'ouvre un thread sur nos méthodes de travail sur la MAO. Je me lance donc.

D'abord un préambule pas forcémment très interessant sur la façon dont je "bossais" avant, pour présenter rapidement par quoi je suis passé avant.

AVANT :

De 1994 à 1998 :

Je composais avec un soundtracker. Je choisissais mes samples parmi des banques récupérées ci et là par des échanges de disquettes, où repris sur d'autres morceaux. Une fois que j'avais une douzaine de samples qui me plaisaient selon mon humeur du moment, je faisais un morceau avec. Les sons m'inspiraient le morceau, plutôt que le contraire.

De 1998 à 2002 :

Je composais uniquement avec de vrais instruments sur un magnetophone 4 pistes à cassette. Je travaillais sur l'instrument, faisais une prise, et passait à l'instru suivant. C'était très laborieux car je ne suis pas un bon instrumentiste et je devais refaire des dizaines de fois la même prise à la moindre fausse note par exemple (pas de possibilité d'édition simple (quickpunch grossier sur une cassette)).

De 2003 à 2004 :

Je découvre Reason 2.5, j'ai du mal avec le séquenceur alors je joue principalement du midi en live. Le début de "To The North" sur mon site par exemple (premiere partie) est en fait une impro harmonique sur mon clavier midi en zones splittées.

De 2005 à 2007 :

Après avoir été instrumentiste pour l'enregistrement de l'album d'une chanteuse (classe sur le papier, gros bordel dans les faits), je découvre ProTools et tombe amoureux de son concept "deux fenetres et rien d'autre" là ou Cubase m'avait completement perdu. Je passe donc à ProTools mais continue d'utiliser Reason en Rewire, il reste ma principale source de sons. Le séquenceur me convenant parfaitement je passe plus de temps à véritablement écrire à la souris et à réfléchir à ce que je veux qui soit joué, indépendamment de ma capacité à jouer moi meme en live les dites lignes mélodiques. Je compose par exemple "Valley of Kurn" et "The Fall Of Daskinor" sur mon site. Ici, il n'y a pas de mixage, j'écris et les reglages resteront les meme du début à la fin. Le son global est très mauvais, (notamment sur The Fall Of Daskinor) car par exemple à ce moment là je n'utilise pas correctement les effets de reverb qui sont en Insert et non en Send et sont du coup bcp trop mouillés, d'où un sont trop medium et fouilli et dénué d'harmoniques. J'utilise en plus exclusivement le DVerb fourni avec ProTools qui donne un son quand meme très/trop métalique.

En 2008 :

Je passe sur une config multi-postes : Un iMac, un PC, un laptop, le tout relié en réseau et en midi et SPDIF. J'installe des players kontakt sur chaque machine auxiliaire (l'iMac étant la machine "Maitre" avec Pro Tools dessus). Au démarrage de chaque machine, les players Kontakt et Reason sont lancés et l'intégralité de mes banques se charge. A chaque machine correspond en général une section d'instruments. Tout est chargé en mémoire, la moindre articulation de chaque instrument, ce qui demande bien à l'ensemble 45 minutes pour démarrer. Mais une fois lancé, je n'ai plus rien à charger, à aucun moment. Je passe un temps monstrueux (plusieurs semaines) à construire mes propres banques où à chaque Program Change correspond une articulation que je nomme de façon litérale et explicite, de sorte qu'il n'y a besoin d'aucun keyswitch ni multitracks, car sur un meme canal midi j'envois un CC Program Change pour changer d'articulation en temps réel, ce qui simplifie énormement l'ecriture, le mix, et l'impression de score.
Je vais rester presque un an sur ce concept. Cela me permet de faire des speed compo très rapidement (en moins de 2 heures j'ai qq chose de tres propre). Tout est "pré-mixé", je n'ai quasiment qu'a ecrire et à faire une programmation sommaire et tout sonne plus ou moins correctement avec un minimum d'effort. Le seul soucis de cette méthode est le temps de chargement. Cela convient bien aux longues journées de travail, mais très peu à la composition occasionnelle.


De 2009 à maintenant (2010) :

Mes finances me font me séparer des mes deux machines et je reviens à une config avec une seule machine, le PC, qui était la plus puissante, c'est celle que je garde. Je ne peux plus tout charger en mémoire d'un bloc, meme avec 8Gb de RAM, je revois donc ma façon de faire de la MAO. Depuis plus d'un an je mélange instruments réels et instruments virtuels, ajoutant par exemple un "vrai" bois parmi les "faux" bois, une vraie "corde", parmis les "fausses" cordes, etc. Cela fonctionne plutot bien. Ma méthode de travail aujourd'hui est tres classique, elle demande plus de temps qu'auparavant mais je suis bcp moins sujet aux crash car chaque étape demande moins de resources à ma machine. Pour les rares commandes que j'ai eu, voici donc comment je m'y prend à chaque fois :

1) Etudes des besoins du "client"

Ici je définis avec le client la durée de la musique, son audiance cible, le role de celle ci dans son contexte.

2) Recherche de l'axe adéquat, de la symbolique pertinente (définition des contraintes).

Définition des images à projeter, des couleurs, et recherche de timbres, de rythmes, d'accords qui peuvent aider à transposer cela. Pour le dialogue avec un client qui n'a pas de bagage musical, utiliser des musiques existantes pour sonder son opinion est un procédé qui fonctionne plutot bien j'ai remarqué.

3) Ecriture

La partie que je préfère. Je place les notes sur le piano roll/la partition. Juste les notes. Je me moque de la velocité (sauf pour une vrai accentuation), je me moque de l'intepretation/articulation ou de si ca sonne plastique, fouilli, etc. Ici, de l'écriture pure et dure. Toute erreur de composition qui n'est pas soignée ici me demandra 3x plus de temps de travail si je dois la corriger plus tard. C'est comme la conception du gameplay d'un jeu video ou du scenario d'un film. Si je me plante ici, je peux le corriger en deux nanosecondes. Mais si j'oublie une grossiere erreur de quintes paralelles qui noient mes voix, ou de voix qui se croisent et que je ne revois pas ma copie de suite, cela me prendra une bonne heure à reecrire tout un passage plus tard alors que j'en avais deja fixé l'intepretation ou le mix.

4) Interpretation

Ici, je joue chaque instrument du mieux que je peux, en accord avec ce qui est suggeré par l'ecriture. Que ce soit un instru midi (programmation fine) ou réel (jeu en live devant micro), je dois absolument le soigner. Chaque instrument, lorsque je mute tous les autres, doit sonner de la plus belle maniere, comme si ses lignes n'avaient été écrites que pour lui, comme s'il allait jouer solo devant 1 million de spectateurs. C'est ici que je m'applique à ce que chaque instru sonne le plus réel possible dans son interpretation. Si la phase 3 était le cerveau, la phase 4 est le coeur.

5) "Mix" et bounce/rendu de chaque instrument séparemennt

Je peaufine maintenant le son de chaque piste séparemment (je sais, ca peut paraitre débile vu que je remixe globalement apres, mais s'il y a du souffle dans la prise d'un instru, ou bien des frequences inutiles c'est ici que je vire tout ça). C'est aussi le moment de transformer en audio les instru midi (raison de plus pour avoir figé l'ecriture et l'intepretation en amont) afin d'alleger les resources CPU et RAM et faciliter le reste du boulot à venir.

6) Mix de l'ensemble

Comme ci-dessus mais je verifie comment chacun instru sonne dans l'ensemble. Ici je check les niveaux, la dynamique, pannings, les reverb, je tâche de faire ressortir les harmoniques des instruments à mettre en avant, je tranche à l'EQ les instru qui se chevauchent, etc.

7) Mastering

Une phase généralement courte lorsqu'il s'agit d'une diffusion web. Je verifie l'homogénéité du mix final, si un canal n'est pas plus favorisé qu'un autre, s'il n'y a pas un trop gros déséquilibre de fréquences, etc. Je réajuste la dynamique, normalise selon les besoins, exporte dans le format attendu par le client, et tant que possible vérifie ce que ca donne sur une TV par exemple si c'est pour la TV, vérifie sur une chaine hifi si c'est pour un CD, en mp3 compressé si c'est pour du streaming flash, etc.

Cette "méthode" est la plus longue de toutes mais pour l'instant c'est celle qui m'a permis d'aboutir à un résultat plus convaincant que ce que j'avais déjà fait.

Voilà en gros. A vous !
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Messagede Franck » Mar Mar 23, 2010 1:11 pm

Bonne initiative sacrenouille et merci d'avoir pris le temsp de détailler !

Sinon ça reste un peu général comme description de ta méthode comme on pourrait la trouver sur beaucoup de forum. Tu n'as pas une démarche plus technique et plus personnelle dans l'écriture ?

Je pense que pour que les échanges soient intéressants, il conviendrait de détailler plus précisémment l'écriture. Tu dis que tu places les notes. Tu travailles à l'inspiration et à l'oreille pure ? tu as une démarche, un "process" logique ?. Tu commences généralement par une mélodie ? par une harmonie ? Comme tu ajoutes les couches d'instruments ? quelle est la track leader, la première ? Quels prérequis harmonie, rythmes... tu utilises...

Tu vois ce qui serait pas mal c'est de savoir pourquoi ça sonne sacrenouille, laurent, christophe, matthieu, françois...

C'est vrai que cette démarche demande de s'autoanalyser et se dire, bon je compose comment en fait...mais ce n'est qu'à cette condition que l'échange me semble vraiment intéressant.

Parce que ce qu'on lit sur les forums ce sont toujours des généralités. Oui il y a les règles d'harmonie, de contrepoint... mais toujours rien sur la contribution technique personnelle des compositeurs...deux même compositeurs n'utilisent pas les mêmes règles de la même manière.
Pourquoi ça sonne elfman par ex ? il est passé par un cheminement personnel audelà des règles, il a accumulé un savoir faire personnel et des automatismes qui caractérisent son écriture. Ce savoir faire on peut tenter de le reconstituer à l'écoute mais cela prend beaucoup de temps.

Ce qui serait absolument unique c'est de pouvoir partager ce savoir faire personnel, audelà des règles et des concepts théoriques communs à chacun d'entre nous. Ce savoir faire ne se trouve que très rarement partagé. Seuls chez certains studios comme mediaventures, on sent une mise en commun du savoir faire, d'où leur succès.

J'espère que tu arrives à saisir l'idée.

Je vais tenter de prendre un peu de temps pour le faire pour montrer l'exemple.
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Messagede Sacrenouille » Mar Mar 23, 2010 1:21 pm

Oui je vois tout a fait, je voulais juste donner mon schéma global avant de détailler chaque étape. Je vais donc commencer par détailler l écriture en prenant qq exemples des que j ai le temps.
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Messagede otsoa » Mar Mar 23, 2010 2:43 pm

C'est la même reflection que je me suis fait, on veut du concret, quelque chose qui aide dans notre propore travail, à intégré des techniques ou des astuces, mais l'initiative est intéressante /clap.
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Messagede Sacrenouille » Mar Mar 23, 2010 3:04 pm

Oui oui, ok pour le concret, mais fallait bien commencer par rappeler les bases non ? :) J'ouvre un topic à part pour détailler l'ecriture, continuons sur celui ci pour la méthode générale de chacun.

-- 23 Mar 2010 15:43 --

Franck a écrit:Seuls chez certains studios comme mediaventures, on sent une mise en commun du savoir faire, d'où leur succès.


Bon sang, je viens seulement de tilter que "noctaventures" c'etait un clin d'oeil à "mediaventures"... punaise, je suis lent.
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Messagede Setzer » Sam Juin 12, 2010 12:44 pm

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Messagede François » Sam Juin 12, 2010 4:37 pm

/clap

Au départ on a crée ce nom après une réunion mythique skype avec Franck, alex92, Lzn, Luckymog et Setzer si je me souviens bien. peut être même qu'alex parlait dans ses écouteurs de walkman branché dans la prise micro ... je suis plus très sur !
C'était à ce moment une idée d'association de compositeurs pour travailler en groupe sur des projets ! On avait même commencé à développer le site avec alex !
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